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bles et un schisme éclatèrent dans le Thibet. Des divisions s’élevèrent entre les lamas : les uns tenaient pour le chapeau jaune, pour marquer leur attachement à l’empereur de la Chine ; d’autres se déclaraient pour le chapeau rouge, couleur du grand-lama, qui devait être parfaitement indépendant de toute puissance étrangère. Le roi des Éleuths, profitant de ces dissensions, entra dans le pays, et y fit de grands ravages ; le sanctuaire de Poutala fut pillé : on en enleva des richesses immenses. Le vainqueur fit faire main-basse sur un grand nombre de lamas et sur beaucoup d’Éleuths qui avaient pris le parti des Mantchous ; il prétendait être le seul vrai roi du Thibet, et voulait que les lamas n’eussent, comme autrefois, aucune autorité sur les peuples, et fussent, dans leurs monastères, uniquement occupés à réciter des prières, à bénir les fidèles et à visiter les malades.

Les lamas se dispersèrent de tous côtés ; le dalaï-lama implora le secours de Khang-hi. Ce monarque rassembla une armée, chassa le roi des Éleuths, et la paix fut rétablie dans le Thibet : elle y fut troublée momentanément sous le règne d’Yong-tching ; mais, depuis la destruction de la puissance des Éleuths en 1760, le Thibet est resté soumis à la Chine. Le dalaï-lama exerce tous les droits de la souveraineté, et perçoit les revenus du pays ; mais il ne règne que sous la suzeraineté des empereurs de la Chine, qui maintiennent leur puis-