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être les usages diffèrent-ils suivant les provinces.

Horace della Penna raconte que le Thibet a des universités et des colléges, où l’on apprend tout ce qui appartient à la religion du pays. Lassa et les couvens environnans ont des imprimeries pour les livres religieux. On y imprime avec des formes travaillées dans le bois, d’après l’ancien usage chinois. Ces établissemens sont sous la surveillance de prêtres préposés à cet effet.

Parmi les prêtres thibétains ordonnés, et même parmi les docteurs non ordonnés, il y a certains prophètes élus et confirmés par le dalaï-lama même ; d’après la superstition du pays, ils passent pour être de temps en temps inspirés par une divinité particulière. On les nomme Nantchous. Quand un de ces hommes veut prophétiser, il se revêt de ses habits de cérémonie, endosse le carquois, s’arme de l’arc, du glaive, de la lance, et invoque le dieu jusqu’à ce qu’il en ait été inspiré. Si on lui amène des possédés, il ordonne pour leur guérison, quelques prières qu’ils doivent lire eux-mêmes ou faire lire par un prêtre ; ou bien il saisit une flèche ou une lance, et perce le patient, ou le frappe du glaive ; mais, dans ces deux cas, il ne doit résulter aucune blessure, mais seulement une marque rouge, et le méchant esprit abandonne le malade. Quand le prophète est inspiré, il tourne très-rapidement. Lorsque l’inspiration l’abandonne, il ôte ses ornemens et adresse au