Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/123

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dans le même lieu. On nous conduisit ensuite par d’autres galeries obscures, qui étaient bordées d’une file de gardes du corps. Après eux, plus, près de l’appartement de l’empereur, la file était continuée par plusieurs grands officiers de la couronne, qui faisaient face à la salle où nous étions attendus. Ces officiers avaient leurs habits de cérémonie, étaient assis sur leurs talons, et la tête courbée. La salle consistait en divers compartimens dirigés vers l’espace du milieu ; les uns étaient ouverts, les autres fermés par des paravens et des jalousies. Les uns étaient couverts de quinze nattes, d’autres de dix-huit, enfin d’une natte de plus, suivant la qualité des personnes qui les occupaient. L’espace du milieu était sans nattes, et par conséquent le plus bas, parce qu’on les en avait ôtées. Ce fut sur le plancher de cet espace qu’on nous ordonna de nous asseoir. L’empereur et l’impératrice étaient assis à notre droite, derrière des jalousies. J’eus deux fois l’occasion de voir l’impératrice au travers des ouvertures : elle me parut belle, le teint brun, les yeux noirs et pleins de feu ; son âge d’environ trente-six ans ; et la proportion de sa tête, qui était assez grosse, me fit juger qu’elle était d’une taille fort haute. J’entends par le nom de jalousies une sorte de tapisserie très-fine, composée de roseaux fendus, et revêtue par-derrière d’une soie transparente, avec des ouvertures de la largeur de la main, qui laissent un passage libre aux regards.