Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/125

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» Notre premier interprète s’assit un peu au-dessus de nous, pour entendre plus facilement les demandes et les réponses ; et nous prîmes nos places à sa gauche, tous à la file, après nous être avancés en nous traînant et nous prosternant du côté des jalousies de l’empereur. Alors Bingo nous dit de la part de ce monarque qu’il nous voyait volontiers. L’interprète, qui nous répéta ce compliment rendit aussi la réponse de notre ambassadeur. Elle consistait dans un très-humble remercîment de la bonté que l’empereur avait eue de nous accorder la liberté du commerce. L’interprète se prosternait à chaque explication, et parlait assez haut pour être entendu de l’empereur ; mais tout ce qui sortait de la bouche du monarque passait par celle de Bingo, comme si ces paroles eussent été trop précieuses et trop sacrées pour être reçues immédiatement par des officiers inférieurs. Après les premiers complimens, l’acte qui suivit cette solennité devint une vraie farce.

» On nous fit mille questions ridicules. Premièrement, on voulut savoir notre âge et notre nom ; chacun de nous reçut ordre de l’écrire sur un morceau de papier, avec une écritoire d’Europe, que nous avions apportée pour cette occasion. On nous dit ensuite de remettre le papier et l’écritoire à Bingo, qui les remit entre les mains de l’empereur, par un trou de la jalousie. Alors on demanda au capitaine ou à l’ambassadeur quelle était la distance de Hollande à Batavia et de Batavia au Japon, et