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Les droits de l’amitié ne sont pas moins sacrés au Japon que ceux de l’amour conjugal. Un Japonais ne connaît point de périls lorsqu’il est question de défendre ou de servir son ami. Les tortures les plus cruelles ne forceront point un coupable de nommer ses complices. Qu’un inconnu même se jette entre les bras de quelqu’un, et le prie de lui conserver la vie et l’honneur, celui dont il implore ainsi la protection y emploiera son sang et son bien, sans s’embarrasser des suites, ni de ce que sa femme et ses enfans peuvent devenir. Les querelleurs, les médisans, les grands parleurs sont, au Japon, dans un souverain mépris ; ils y passent pour gens sans courage ou qui pensent peu. On n’y souffre point les jeux de hasard, parce qu’on les regarde comme un trafic sordide et contraire à l’honneur.

Cette même nation est remuante, vindicative à l’excès, pleine de défiance et d’ombrage. Malgré sa vie dure et sa férocité naturelle, elle porte fort loin la dissolution.

Le Japonais est naturellement religieux ; il souffre la vérité qui le condamne, il convient des excès qu’on lui fait reconnaître. Il veut être instruit de ses obligations et de ses défauts ; et l’on assure que tous les gens de qualité ont chez eux un domestique de confiance dont l’unique soin est de les avertir de leurs fautes. La mauvaise foi est en horreur au Japon, et le mensonge le plus léger y est puni de mort.

On n’a pas d’exemple qu’un Japonais ait