Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/213

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fice de leur vie est agréable à leurs dieux, et qu’ils seront admis au bonheur sans aucune épreuve. Rien n’est plus commun que de voir, le long des côtes de la mer, des barques remplies de ces fanatiques qui se précipitent dans l’eau chargés de pierres, où qui, perçant leurs barques, se laissent insensiblement submerger en chantant les louanges du dieu Canon, dont ils placent le paradis au fond des flots. Une multitude infinie de spectateurs les suit des yeux, élève leur courage jusqu’au ciel, et veut recevoir leur bénédiction avant qu’ils disparaissent. D’autres s’enferment et se font murer dans des cavernes, dont l’espace leur suffit à peine pour y demeurer assis, et où ils ne peuvent respirer que par un tuyau qu’on a soin de leur ménager. Là ils se laissent tranquillement mourir de faim, dans l’espérance que Xaca lui-même viendra recevoir leurs âmes. D’autres montent sur des pointes de rochers extrêmement élevés, au-dessous desquels il se trouve des mines de soufre dont il sort quelquefois des flammes, et ne cessent point d’invoquer leurs dieux en les priant d’accepter l’offre de leur vie, jusqu’à ce qu’ils voient la flamme qui commence à s’élever ; alors ils la prennent pour une marque que leur sacrifice est accepté ; et, fermant les yeux, ils se jettent la tête la première au fond de l’abîme : et d’autres se font écraser sous les roues des chariots sur lesquels on porte eu procession leurs idoles, et se laissent fouler aux pieds ou étouffer dans