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ce que la récolte doit leur rapporter. Ces conjectures sont ordinairement d’une justesse surprenante, et garantissent les seigneurs des tromperies de leurs fermiers. Les propriétaires ont six dixièmes de tous les fruits de leurs terres, et les quatre autres sont pour ceux qui les cultivent. Les fermiers du domaine impérial ne donnent que quatre dixièmes aux intendans de l’empereur ; les six autres leur appartiennent. Si quelqu’un défriche une terre qui n’est point à lui, il jouit de toute la récolte pendant les deux ou trois premières années ; mais dans les baux on a toujours égard à la bonne ou mauvaise qualité du terroir, et la loi porte que, si quelqu’un laisse passer une année sans cultiver sa terre, il en perd la propriété.

On cultive particulièrement au Japon ce qui se nomme gokof, ou les cinq fruits de la terre. C’était anciennement la seule nourriture d’un pays où la religion défend l’usage de la viande ; mais, soit dispense ou relâchement, cette règle est aujourd’hui fort mal observée. Les cinq fruits sont le riz, l’orge et le froment, et deux sortes de fèves. Le riz du Japon, surtout une espèce qui est la plus commune dans les provinces septentrionales, l’emporte beaucoup sur celui des Indes ; il est d’une blancheur de neige, et si nourrissant, que les étrangers qui n’y sont pas faits en doivent user avec modération. On le mange cuit à l’eau. Ce qui reste au delà des provisions annuelles est employé à faire une bière qui se nomme saki. Le riz se