Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/249

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un petit ver délié et blanc comme la neige, à l’exception de la tête et de la gorge, qui sont d’un brun obscur. Les Japonais le nomment do-toos, c’est-à-dire perceur, nom qui lui convient parfaitement, car il perce tout ce qu’il rencontre ; et s’il peut entrer dans un magasin, il détruit en peu de temps les meilleures marchandises. Le seul préservatif qu’on ait découvert jusqu’ici contre ces dangereux insectes, est de répandre du sel sur tout ce qu’on veut dérober à leurs morsures. Ils sont en guerre continuelle avec les autres fourmis ; et lorsqu’une des deux espèces s’est emparée de quelques lieux, il ne faut pas craindre que l’autre puisse s’y loger. Les fourmis blanches ne peuvent supporter l’air, et, pour se transporter d’un endroit dans un autre, elles se bâtissent le long des chemins des voûtes et des arcades qui tiennent à la terre : elles marchent avec une vitesse incroyable, et souvent tout est ravagé avant qu’on ait pu s’apercevoir de leur arrivée. Quelques-uns attribuent des effets si prompts à l’acrimonie de leurs excrémens ; mais Kœmpfer assure que quatre pincettes recourbées et tranchantes dont leur museau est armé, suffisent pour causer tous les désordres dont on les accuse. Il rapporte que, s’étant une fois couché assez tard, il aperçut le lendemain sur sa table des traces de leur route, et qu’en y jetant les yeux de plus près, il découvrit un trou de la grosseur du petit doigt, qu’elles avaient fait dans l’espace de quelques heures à l’un des