Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/268

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beaucoup d’éloges, il se flatta qu’ayant l’honneur d’être estimé de la reine, qui l’avait employé quelquefois dans ses exercices de piété, il obtiendrait d’elle, en faveur de son ami, ce qui avait été refusé aux instances des principaux courtisans. Il écrivit à cette princesse, qui était alors à Santa-Fé pendant le siége de Grenade. Il fut aussitôt appelé à la cour. Le fruit de ce voyage fut de procurer une audience à Colomb. La reine ferma la bouche à ses ennemis en louant son esprit et ses projets ; mais elle jugea qu’il portait trop haut ses prétentions. Il demandait d’être nommé amiral et vice-roi perpétuel et héréditaire de tous les pays et de toutes les mers qu’il pourrait découvrir. Cette récompense paraissait excessive dans les plus heureuses suppositions ; et, s’il manquait de succès, la reine craignit quelque reproche de légèreté pour avoir pris trop de confiance aux promesses d’un étranger.

Ce nouveau refus, quoique adouci par des témoignages d’estime, le détermina plus absolument que jamais à quitter l’Espagne. Quintanille, Saint-Angel et le P. Marchena, étaient désespérés de voir négliger une affaire de cette importance. Ils engagèrent le cardinal de Mendosa, archevêque de Tolède et chef du conseil de la reine, à ne pas laisser partir un homme si précieux pour l’état sans lui avoir fait l’honneur de l’entendre. Colomb eut une longue audience du cardinal, qui parut fort satisfait de son esprit et de son