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que l’aiguille déclinait d’un degré vers le nord-ouest : le lendemain, cette déclinaison était augmentée d’un demi-degré ; mais elle varia beaucoup les jours suivans, et l’amiral fut surpris lui-même d’un phénomène qui n’avait point encore été remarqué. Le 15, à trois cents lieues de l’île de Fer, on vit tomber dans les flots, pendant la nuit et dans un temps fort calme, une grande flamme au sud-est, à la distance de quatre ou cinq lieues des vaisseaux.

L’équipage de la Nina vit avant le jour un oiseau, qui fut nommé rabo de junco, c’est-à-dire queue de jonc, parce qu’il avait la queue longue et fort menue ; le lendemain on fut beaucoup plus effrayé d’apercevoir, sur la surface de l’eau, des herbes dont la couleur était mêlée de vert et de jaune, et qui paraissaient nouvellement détachées de quelque île ou de quelque roche. On en découvrit beaucoup davantage le jour d’après, et la vue d’une petite langouste vive, qu’on remarqua dans ces herbes, fit juger que la terre ne pouvait être éloignée. D’autres s’imaginèrent qu’on était proche de quelques terres submergées : cette idée fit renaître la frayeur et les murmures ; on observa d’ailleurs que l’eau de la mer était moitié moins salée. Pendant la nuit suivante, quantité de thons s’approchèrent si près des caravelles, que l’équipage de la Nina en prit un. L’air était si tempéré, qu’il ne paraissait pas différent de celui d’Andalousie au mois d’avril. À trois cent soixante-dix lieues ouest de l’île