Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/282

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rémonie, s’imaginèrent qu’on jetait quelque sort sur eux et sur leur île ; ils prirent la fuite avec une vive frayeur. L’amiral les fit suivre. On en arrêta quelques-uns, qui furent comblés de caresses et de présens, et qui eurent aussitôt la liberté de joindre leurs compagnons. Cette conduite les rendit extrêmement familiers. Ils s’approchèrent des caravelles, les uns à la nage, d’autres dans leurs barques, auxquelles ils donnaient le nom de pirogues. Leurs cheveux étaient noirs et épais, liés autour de la tête en manière de tresse avec un cordon ; quelques-uns les portaient flottans sur leurs épaules ; la plupart avaient la taille dégagée, les traits du visage assez agréables, le front large et le teint couleur d’olive. Ils étaient peints d’une manière bizarre, les uns au visage, d’autres aux yeux et au nez seulement, et quelques-uns partout le corps. Tandis que les Castillans admiraient leur figure, ces barbares n’étaient pas moins étonnés de voir des hommes vêtus, avec une longue barbe. Ils connaissaient si peu le fer, que, voyant pour la première fois des armes de ce métal, ils prenaient un sabre par le tranchant, et se faisaient des blessures dont ils paraissaient surpris. Leurs javelines étaient d’un bois endurci au feu, avec une pointe aiguë, assez proprement armée d’une dent de poisson. Leurs barques, ou leurs pirogues, n’étaient que des troncs d’arbres creusés, dont les uns ne pouvaient porter qu’un homme, et d’autres en contenaient près de