Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/305

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éclatante. Le temps devint si mauvais, qu’après avoir perdu quelques ancres, il fut contraint de chercher un abri dans l’île de Saint-Michel : mais l’orage, qui continua toute la nuit, ne lui ayant pas permis d’y aborder, il revint le jour suivant à Sainte-Marie, dans la résolution d’attaquer cette île, et d’employer toutes ses forces pour tirer vengeance des Portugais. Pendant qu’il se disposait à cette entreprise, un officier de l’île et deux prêtres, avec cinq matelots, s’approchèrent de la caravelle dans une barque, et demandèrent la permission de monter à bord. Ils venaient, dirent-ils, de la part de leur commandant pour s’informer s’il était vrai que le vaisseau portât un amiral d’Espagne, avec ordre, dans cette supposition, de lui rendre tous les honneurs qui étaient dus à sa dignité. L’amiral feignit de croire ce compliment sincère, et leur montra non-seulement ses provisions, mais les lettres du roi son maître qui le recommandaient à toutes les puissances du monde. Alors on lui rendit sa barque et ses gens, avec des excuses dont il affecta de paraître satisfait. Mais il apprit des prisonniers qu’on lui ramena que tous les sujets du roi de Portugal avaient ordre de l’arrêter, dans quelque lieu du monde qu’il pût tomber entre leurs mains, et qu’il n’aurait pas évité cette disgrâce, s’il était descendu avec la première partie de ses gens, comme les Portugais se l’étaient persuadé.

Le temps étant devenu favorable, il fit prendre