Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/373

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enfin, sur la malignité de ses ennemis, que la seule jalousie de son élévation portait à lui chercher des crimes, peu contens de lui nuire, s’ils ne le déshonoraient. La reine en fut attendrie au point d’être quelque temps sans pouvoir lui parler. Elle se remit enfin, et lui dit avec beaucoup de douceur : « Vous voyez combien je suis touchée du traitement qu’on vous a fait : je n’omettrai rien pour vous le faire oublier. Je n’ignore pas les services que vous m’avez rendus, et je continuerai de les récompenser. Je connais vos ennemis, et j’ai pénétré les artifices qu’ils emploient pour vous détruire ; mais comptez sur moi. Tout le monde se plaignait de vous, et personne ne parlait en votre faveur. Je n’ai donc pu me dispenser d’envoyer un commissaire en Amérique, que j’ai chargé de prendre des informations et de me les communiquer, avec ordre de modérer une autorité qu’on vous accusait de porter trop loin. Dans la supposition que vous fussiez coupable de tous les crimes dont vous étiez accusé, il devait succéder au gouvernement général, et vous envoyer en Espagne pour y rendre compte de votre conduite ; mais ses instructions ne portaient rien de plus. Je reconnais que j’ai fait un mauvais choix ; j’y mettrai ordre, et je ferai de Bovadilla un exemple qui apprendra aux autres à ne point passer leurs pouvoirs : cependant je ne puis vous promettre de vous rétablir sitôt dans votre gouvernement ; les