Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/397

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ricains recommencèrent à jeter de grands cris. Enfin, lorsqu’il vit reparaître la lune, il sortit d’un air joyeux pour les assurer que ses prières étaient exaucées, et que Dieu leur pardonnait cette fois, parce qu’ayant répondu pour eux, il l’avait assuré qu’ils seraient désormais bons et dociles, et qu’ils fourniraient des vivres aux chrétiens. Depuis ce jour, non-seulement ils ne refusèrent rien aux Espagnols, mais ils évitèrent avec soin de leur causer le moindre mécontentement.

Ce secours était d’autant plus nécessaire à l’amiral, qu’il se formait sous ses yeux un nouveau parti qui l’aurait jeté dans de mortels embarras. Un apothicaire nommé Bernardi, et deux de ses compagnons, Villatora et Zamora, avaient entrepris de soulever tous les malades par d’anciens ressentimens, qu’ils crurent avoir trouvé l’occasion de faire éclater, et qui ne menaçaient pas moins que la vie des Colomb. L’effet n’aurait pu manquer d’en être funeste, si l’arrivée de la barque d’observation qu’Ovando avait fait partir d’Espagnola n’eut arrêté ceux que le seul chagrin de leur misère avait engagés dans cette conspiration. Le capitaine, nommé Diégo d’Escobar, était un de ceux qui s’étaient révoltés avec Roldan Ximenès, et que l’amiral avait destinés au supplice. Ovando l’avait choisi pour cette commission, parce qu’avec la haine qu’il lui connaissait pour les Colomb, il l’avait jugé propre plus que personne à remplir exactement ses vues. Les