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lui donnèrent pas le temps de faire cette proposition. À peine eurent-ils aperçu sa troupe, qu’ils s’avancèrent les armes à la main, en criant : Tue, tue. L’adelantade excita ses gens par les motifs de l’honneur, et ne leur demanda rien dont il ne promît l’exemple. Le combat fut engagé ; une décharge qui se fit à propos renverse d’abord six des conjurés. L’aîné des Porras, furieux de les voir tomber, s’élança sur l’adelantade, et fendit son bouclier d’un coup de sabre, qui le blessa même à la main ; mais don Barthélemi, qui était d’une vigueur extraordinaire, le saisit par le milieu du corps, et le fit son prisonnier. Ensuite, pressant ceux qui continuaient de résister, il en tua plusieurs, et le reste se sauva par la fuite. Ainsi l’amiral fut redevable de son salut à la valeur de son frère ; car les rebelles avaient juré de ne pas ménager sa vie, si la victoire s’était déclarée pour eux.

Elle ne coûta qu’un seul homme à l’adelantade ; mais quelques-uns furent dangereusement blessés. Lédesma, pilote connu par son courage et par sa force, fut si maltraité d’un coup de sabre, à la tête, que la cervelle était à découvert ; un autre coup faillit de lui abattre le bras, et d’un troisième il eut la jambe fendue jusqu’à l’os, depuis le jarret jusqu’à la cheville du pied. Comme on l’avait cru mort, et qu’il était demeuré sur le champ de bataille, les Américains du village de Mayma , surpris de voir étendus par terre et sans mouvement des