Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jeter le reste au feu. Ensuite on prend toutes les cornes des rennes morts qu’on a ramassées durant l’année ; on les enfonce dans la terre près du bûcher. « Le chaman ou prêtre les envoie au mort, comme si c’était un troupeau de rennes. Quand les gens du convoi funèbre retournent chez eux, pour se purifier, ils passent entre deux baguettes ; et le prêtre, qui se tient auprès de ces baguettes mystérieuses, frappe tous ceux qui passent avec une petite verge, en prononçant des paroles magiques, afin que les morts ne fassent pas mourir les vivans. » Voilà les tristes usages des Koriaks, les puériles et sombres idées dont on entretient leur imagination pour maîtriser les forces indomptables de leur corps par la faiblesse de leur esprit. L’imagination est dans l’homme ce que sont les cornes dans le taureau : c’est avec cela qu’il renverse tout ; mais c’est par-là qu’on le tient sous le joug.

Quoiqu’on ait une connaissance fort imparfaite de la langue des Kamtchadales, qui participe sans doute de toutes celles des peuples leurs voisins établis sur le continent ou dans les îles Kouriles, cependant il est nécessaire d’en rapporter le peu que l’on en sait, pour y chercher quelques traces de l’origine de la nation qui la parle. Dans l’affinité de cette langue avec celle de la Sibérie ou des Kouriles, on peut discerner ce que la presqu’île a contracté de liaison, avec les nations de la terre ou de la mer ; jusqu’à quel point sa population s’est composée