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qu’au pont de Lumichaca, où il avait mis en déroute une grande partie des Péruviens. Son succès ayant continué jusqu’au pont d’Abancay, c’était le fruit de ses victoires, joint à l’arrivée de l’adelantade, qui avait déterminé Manco inca à lever le siége de Cusco.

C’est ici que commencent les querelles sanglantes des capitaines espagnols qui vengèrent, mais inutilement, les malheureux Américains, témoins de tant de discordes et de fureurs, sans pouvoir en profiter. Il n’entre point dans notre plan de détailler cette suite de meurtres et de crimes, qui appartient à l’histoire particulière d’Espagne, et non aux découvertes des voyageurs ni aux entreprises des conquérans. Nous n’offrirons que les principaux événemens de cette guerre civile, dont le Nouveau Monde fut le théâtre durant quinze ans.

Tandis que le marquis restait dans son nouvel établissement de los Reyes, attaqué de tous côtés par les Péruviens, Fernand Pizarre, son frère, combattit si heureusement Almagro, leur ennemi commun, auprès de Cusco, que la défaite de ce dernier fut entière. Il fut fait prisonnier ; l’arrêt de sa mort suivit de près sa défaite : il fut étranglé en prison, et ensuite décapité dans la place publique de Cusco. Sa mort était légitime sans doute, puisqu’il avait attaqué le vice-roi, dont il n’était que le lieutenant ; mais il fit à Fernand des reproches amers et fondé sur son ingratitude ; il lui rappela que, lorsqu’il l’avait tenu captif dans