Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/164

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quelquefois au jeune homme, qui abandonne la fille sous prétexte qu’elle ne lui plaît pas, ou parce qu’il ne lui a point trouvé les qualités qu’il désire. Il se plaint de son beau-père, et l’accuse de l’avoir voulu tromper. Si le repentir ne vient point après l’épreuve, qu’ils nomment amanarse, on se marie. Cet usage est tellement établi, que les évêques et les curés perdent leurs efforts à le combattre. Aussi la première question qu’on fait à ceux qui se présentent pour le mariage est s’ils sont amanados, c’est-à-dire amans éprouvés, pour les absoudre de ce péché avant de leur donner la bénédiction nuptiale. Ils ne croient pas qu’un mariage soit bon sil n’est solennel ; et, ne le faisant consister que dans la bénédiction du prêtre, donnée devant un grand nombre de témoins, on ne peut leur faire entendre qu’ils sont engagés, si cette circonstance manque. Dans ce cas, ils changent de femmes, comme s’ils n’étaient retenus par aucun lien. L’inceste ne les effraie pas plus, surtout dans l’ivrognerie. Les corrections sont inutiles, parce qu’aucun châtiment n’imprimant parmi eux de tache honteuse, il n’y en a point d’assez fort pour les contenir. Il leur est égal d’être exposés à la risée publique, ou de danser à leurs fêtes, parce qu’ils n’y voient qu’un spectacle qui les amuse. Les châtimens corporels leur sont plus sensibles, par la seule raison qu’ils sont douloureux ; mais, un moment après l’exécution, ils oublient la peine. L’expérience ayant assez fait con-