Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/209

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min, depuis Caracol jusqu’aux plages d’Ojibar, est si marécageux, qu’ils avaient marché continuellement par des ravines et des bourbiers où leurs mules s’enfonçaient jusqu’au poitrail ; mais il devient plus ferme lorsqu’on a passé les plages. On juge, par le nom du lieu où les mathématiciens passèrent la nuit, à quoi ils étaient condamnés pendant leur sommeil. Ils y furent si cruellement piqués des mosquites, que quelques-uns prirent le parti de se jeter dans la rivière et de s’y tenir jusqu’au jour ; mais leurs visages, seule partie du corps qu’ils ne pouvaient plonger dans l’eau, furent bientôt si maltraités, qu’il fallut abandonner cette ressource, et laisser du moins partager le tourment à toutes les autres parties du corps.

Le 15, ils traversèrent une montagne couverte d’arbres épais, après laquelle ils arrivèrent à de nouvelles plages de la rivière d’Ojibar, qu’ils passèrent encore quatre fois à gué, avec autant de danger que le jour précédent. Ils firent halte, à cinq heures du soir, dans un lieu appelé Caluma. On n’y trouva aucun endroit pour se loger, et pendant toute la journée il ne s’était offert aucune maison ; mais les voituriers américains entrèrent dans la montagne, coupèrent des pieux et des branches, et formèrent en peu de temps des cabanes qui mirent tout le monde à couvert. Le chemin de ce jour avait été très-incommode entre des arbres si voisins les uns des autres, qu’avec la plus grande attention un voyageur