Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/213

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profonds, où les mules ne peuvent éviter de mettre les pieds de devant et de derrière ; quelquefois leur ventre traîne à terre, et presque toujours il en approche jusqu’aux pieds du cavalier. Les trous forment une espèce d’escalier, sans quoi la difficulté du chemin serait invincible ; mais si malheureusement la monture met le pied entre deux trous, ou ne le place pas bien dedans, elle s’abat, et le cavalier court plus ou moins de risque, suivant le côté par lequel il tombe. » Pourquoi ne pas marcher à pied dans un chemin de cette étrange nature ? On répond qu’il n’est pas aisé de se tenir ferme sur les éminences qui sont entre les trous ; et que, si l’on vient à glisser, on s’enfonce nécessairement dans le trou même, c’est-à-dire dans la boue jusqu’aux genoux, car ces trous en sont remplis, et souvent jusqu’au comble.

On les nomme camellons dans le pays ; ils sont comme autant de trébuchets pour les mules ; cependant les passages qui n’ont point de trous, sont encore plus dangereux. « Ces pentes étant fort escarpées, et la nature du terrain, qui est de craie continuellement détrempée par la pluie, les rendant extrêmement glissantes, il serait impossible aux bêtes de charge d’y marcher, si les voituriers indiens n’allaient devant pour préparer le chemin. Ils portent de petits hoyaux, avec lesquels ils ouvrent une espèce de petites rigoles à la distance d’un pas l’une de l’autre, pour donner