Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/217

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relle ; car ce n’est pas seulement celui de Guayaquil à Quito dont les voyageurs se plaignent ; il n’y en a pas un seul de bon dans toutes les parties des montagnes. Lorsqu’un arbre tombe de vieillesse, ou déraciné par un orage, il ne faut pas croire que, s’il barre le chemin, on se mette en peine de l’écarter ; il y en a de si gros, que leur tronc n’a pas moins d’une aune et demie de diamètre. Ceux de cette grosseur demandant beaucoup d’appareil pour les remuer, les Américains se contentent d’en diminuer une partie à coups de hache ; ensuite, déchargeant les mules, il les forcent de sauter par-dessus le reste du tronc. L’arbre reste ainsi dans la situation où ils le trouvent ; et d’autres Américains, qui viennent après les premiers, continuent de faire sauter les mules jusqu’à ce qu’il soit pouri par le temps.

Le 18, à Cruz de canna, le degré du thermomètre était de 1010 ; les mathématiciens se remirent en marche par un chemin semblable à celui du jour précédent, jusqu’à Pucara, où l’on cesse de suivre la rivière.

Tout ce qu’on découvre au delà de Pucara, lorsqu’on a passé les hauteurs de cette Cordillière, est un terrain sans montagnes et sans arbres, d’environ deux lieues d’étendue, mêlé de plaines rases et de fort petites collines ; les unes et les autres sont couvertes de froment, d’orge, de maïs et d’autres grains, dont la différente verdure forme un spectacle fort