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quelles le Rio-Négro sert de lien, qu’on a long-temps cherché le lac doré de Parimé et la ville de Manoa d’el Dorado. La Condamine trouve la source de cette erreur, si c’en est une, dans quelque ressemblance de nom qui a fait transformer en ville, dont les murs étaient couverts de plaques d’or, le village des Manoas, cette même nation dont on a parlé. L’histoire des découvertes du Nouveau-Monde fournit plus d’un exemple de ces métamorphoses ; mais la préoccupation, observe l’académicien, était encore si forte en 1740, qu’un voyageur nommé Nicolas Horstman, natif de Hildesheim, espérant découvrir le lac doré et la ville aux toits d’or, remonta la rivière d’Essequebé, dont l’embouchure est dans l’Océan, entre la rivière de Surinam et l’Orénoque. Après avoir traversé des lacs et de vastes campagnes, traînant ou portant son canot avec des peines incroyables, et sans avoir rien trouvé qui ressemblât à ce qu’il cherchait, il parvint au bord d’une rivière qui coule au sud, et par laquelle il descendit dans le Rio-Négro, où elle entre du côté du nord. Les Portugais lui ont donné le nom de Rivière blanche ; les Hollandais, celui d’Esséquébé et celui de Parimé, sans doute parce qu’ils ont cru qu’elle conduisait au lac de ce nom. On sait que Voltaire a tiré de cette tradition incertaine un épisode très-agréable, dont il a orné son roman philosophique de Candide.

À peu de distance de l’embouchure du Rio-