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céda celle d’orange, à celle-ci le jaune, ensuite le jonquille, enfin le vert : la couleur extérieure de tous les arcs demeura rouge. »

On remarque souvent dans les mêmes montagnes des arcs formés par la clarté de la lune : ils ne sont pas composés d’autres couleurs que le blanc, et la plupart se forment à la croupe de quelque montagne. Ulloa en vit un qui était composé de trois arcs concentriques. Le diamètre de celui du milieu était de soixante degrés, et l’épaisseur de la couleur blanche occupait un espace de cinq degrés.

L’air de cette atmosphère et les exhalaisons du terroir paraissent plus propres que dans aucun autre lieu à changer en flammes les vapeurs qui s’y élèvent : aussi ces phénomènes y sont-ils plus communs, plus grands et plus durables qu’ailleurs. Un de ces feux, singulier par sa grandeur, parut à Quito pendant le séjour des mathématiciens dans cette ville. Sur les neuf heures du soir, il s’éleva, vers le Pichincha, un globe de feu si grand et si lumineux, qu’il éclaira toute la partie de la ville qui est du même côté. Les contrevents les mieux fermés n’empêchaient point la lumière de pénétrer par les moindres fentes. Le globe était exactement rond : sa direction, qui fut de l’ouest au sud, sembla marquer qu’il s’était formé derrière le Pichincha, de la croupe duquel il avait paru s’élever. Vers la moitié de sa course visible, il perdit beaucoup de son éclat, et cette diminution de lumière continua par degrés.