Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/248

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dans leur marche, de faire retentir les termes de haine et de vengeance. À ce cri les sauvages frappent des mains, se donnent de grands coups sur les épaules et sur les fesses, et promettent de ne pas ménager leur vie. Quelquefois ils s’arrêtent pour écouter des harangues animées qui durent des heures entières. Ensuite chacun s’arme de sa tacape, qui est une sorte de massue de bois de Brésil, ou d’une espèce d’ébène noir, fort pesante, ronde à l’extrémité, et tranchante par les bords. Sa longueur est de six pieds sur un de large, et son épaisseur d’un pouce. Ils ont des arcs du même bois, dont ils se servent avec une adresse extrême. Leurs boucliers sont de peau, larges, plats et ronds. Dans cet équipage, et parés de plumes ,ils marchent au nombre de cinq ou six mille, formés de plusieurs aldées, avec quelques femmes chargées de provisions. Les généraux sont choisis parmi ceux qui ont pris ou tué le plus d’ennemis. Ils ont pour signaux militaires, une espèce de cornet qu’ils nomment inubia, et des flûtes d’os, qui sont ordinairement ceux des jambes de leurs victimes. Quelquefois leurs expéditions se font par mer ; mais leurs canots, qui sont d’écorce d’arbres, ne pouvant résister à la force des vagues, ils ne s’éloignent guère du rivage. En arrivant dans le pays qu’ils veulent ravager, les moins vigoureux s’arrêtent avec les femmes pendant que les guerriers pénètrent au travers des bois. Leur première attaque n’est jamais ouverte.