Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/110

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sans autre soin que d’écarter la neige, ils se couchent à terre pour dormir entre le feu et la haie. S’ils sont surpris par la nuit dans une plaine sans bois, où ils ne puissent faire ni retranchement ni feu, ils couchent sous la neige, qu’ils trouvent moins froide que l’air extérieur, dont elle les garantit ; mais ils conviennent eux-mêmes que la plus grande rigueur du froid n’est pas comparable à ce qu’ils ont souvent à souffrir de la faim. C’est dans ces occasions qu’ils se portent à l’horrible excès de manger leurs enfans et leurs femmes. Ellis en rapporte un exemple, qui ne cède en rien à celui qu’on a déjà lu. Il ajoute, à la honte de sa nation, que le malheureux Américain dont il raconte l’histoire, « pénétré de douleur en arrivant au comptoir anglais, n’en put cacher les tristes circonstances, et que le gouverneur, qui les entendit, n’y répondit que par un grand éclat de rire ; sur quoi le sauvage, étonné de cette barbarie, dit en anglais corrompu : Ce n’est pas un conte à rire ; et se retira fort mal édifié de la morale des chrétiens. »

Le langage de ces peuples est un peu guttural, sans être rude ni désagréable. Ils ont peu de mots, mais très-significatifs, et une manière assez heureuse d’exprimer de nouvelles idées par des termes composés, qui joignent les qualités des choses auxquelles ils veulent donner des noms.

Enfin Ellis leur attribue deux usages fort