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qu’au milieu par l’île d’Anticosti, qui s’étend environ quarante lieues nord-est et sud-est, mais qui a peu de largeur. Cette île appartient aux descendans d’un Français qui avait eu part à la découverte du Mississipi, et qui obtint cette récompense pour un service qui avait coûté la vie au chef de son entreprise ; mais on ne lui fit pas un riche présent : elle est stérile, mal fournie de bois, et sans un seul havre où le moindre bâtiment puisse trouver une retraite. Le bruit courut, il y a quelques années, qu’on y avait découvert une mine d’argent, et l’on fit partir de Québec un orfévre pour en faire l’épreuve ; mais on ne fut pas long-temps à se détromper. Le seul avantage de l’île d’Anticosti est la pêche, qui est assez abondante sur ses côtes.

Le côté méridional du fleuve forme un beau pays, habité par les Abenaquis ; et le côté du nord est encore un vaste désert, où, dans l’espace de cinq cents lieues, on rencontre à peine quelques traces de ces peuples errans et farouches que nous comprenons sous le nom général d’Esquimaux. Après avoir passé l’île d’Anticosti, on se voit toujours entre deux terres, avec le plaisir de connaître exactement la mesure de sa route, et l’on n’a plus besoin que de circonspection pour se garantir des dangers du fleuve ; mais il serait difficile de les présenter, si l’on ne s’attachait à suivre fidèlement le voyageur.

Il s’était embarqué à la Rochelle le 2 juillet