Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/231

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Oumas, les deux voyageurs virent la concession du marquis d’Ancenis, réduite alors presqu’à rien par un incendie et par d’autres accidens. Ils arrivèrent le lendemain, avant midi, au grand village des Colapissas, le plus beau de la Louisiane, quoiqu’il ne contînt pas plus de deux cents guerriers. Leurs cabanes ont la figure d’un papillon avec un double toit, l’un de feuilles de lataniers, et l’autre de nattes ; celle du chef a trente-six pieds de diamètre. Aussitôt que les deux voyageurs se trouvèrent à la vue de ce village, ils furent surpris d’y entendre battre la caisse et de se voir complimentés de la part du chef ; mais ils le furent encore plus de l’habillement du tambour, qui était une longue robe, moitié rouge et moitié blanche, avec la manche rouge du côté blanc, et blanche du côté rouge. Ils demandèrent l’origine de cet usage : on leur répondit qu’il n’était pas ancien ; qu’un gouverneur de la Louisiane avait fait présent d’un tambour aux habitans, pour récompenser leur fidélité, et que l’habit était de leur invention. Les femmes américaines sont ici mieux faites que dans la Nouvelle France, et leur habillement est plus propre.

Cinq lieues plus loin, on arrive aux Cannes-Brûlées, habitation française où l’on trouve une grande croix élevée sur le bord du fleuve, la première que l’observateur eût aperçue depuis les Illinois. En débarquant, il ne fut pas moins édifié de voir quelques Français qui chantaient vêpres. Ils étaient sans prêtre, dit-il, mais