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est divisée en deux, qu’on nomme la grande et la petite Tortue. Le chef de chaque famille en porte le nom, et dans les actions publiques on ne lui en donne point d’autre ; il en est de même du chef de la nation et de celui de chaque village. Mais avec ce nom, qui n’est que de cérémonie, ils en ont un autre qui les distingue plus particulièrement, et qui est comme un titre de dignité, tel que le plus noble, le plus ancien, etc. Enfin ils en ont un troisième qui leur est personnel. Cependant il paraît que cet usage n’est que dans les nations où la qualité de chef est héréditaire.

Ces impositions de titres se font toujours avec de grandes formalités. Le nouveau chef, ou, s’il est trop jeune, celui qui le représente, doit faire un festin et des présens, prononcer l’éloge de son prédécesseur et chanter sa chanson. Il se trouve néanmoins des noms personnels si célèbres et si respectés, que personne n’ose les prendre après la mort de ceux qui les ont mis en honneur, ou qu’ils sont du moins fort long-temps sans être renouvelés. En prendre un de cette distinction, c’est ce qu’on appelle ressusciter celui qui le portait. Dans le nord, et partout où règne la langue algonquine, la dignité de chef est élective ; mais toute la cérémonie de l’élection et de l’installation se réduit à des festins accompagnés de danses et de chants. Le chef élu ne manque point de faire le panégyrique de celui dont il prend la place, et d’invoquer son génie. Par-