Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/291

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Sans connaître le pays des âmes, c’est-à-dire, le lieu où elles passent en sortant du corps, ils croient que c’est une région fort éloignée vers l’ouest, et qu’elles mettent plusieurs mois à s’y rendre. Elles ont même de grandes difficultés à surmonter dans cette route : on parle d’un fleuve qu’elles ont à passer, et sur lequel plusieurs font naufrage ; d’un chien dont elles ont beaucoup de peine à se défendre ; d’un lieu de souffrances où elles expient leurs fautes ; d’un autre où sont tourmentées celles des prisonniers de guerre qui ont été brûlés, et où elles se rendent le plus tard qu’elles peuvent. De là vient qu’après la mort de ces malheureux, dans la crainte que leurs âmes ne demeurent autour des cabanes pour se venger des tourmens qu’on leur a fait souffrir, on visite soigneusement tous les lieux voisins, avec la précaution de frapper de grands coups de baguette, et de pousser de hauts cris pour les obliger de s’éloigner. Les Iroquois prétendent qu’Atahentsic fait son séjour ordinaire dans le pays des âmes, et que son unique occupation est de les tromper pour les perdre ; mais que Jousketa s’efforce de les défendre contre les mauvais desseins de son aïeule. Entre mille récits fabuleux qui ressemblent beaucoup à ceux d’Homère et de Virgile, on en rapporte un si semblable à l’aventure d’Orphée et d’Eurydice, qu’il n’y a presque à changer que les noms. Mais le bonheur que les sauvages admettent dans leur Élysée