Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/305

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cabane que les femmes se délivrent : plusieurs sont surprises dans leur travail des champs, ou pendant leurs voyages. À celles qui pressentent leur terme on dresse, hors de la bourgade, une petite hutte où elles passent quarante jours après s’être délivrées. Quelques-uns disent néanmoins que cet usage regarde seulement la première couche. À l’expiration du terme, on éteint tous les feux de la cabane où elles doivent retourner, et l’on en secoue tous les meubles pour y allumer un nouveau feu. Les mêmes formalités s’observent à peu près dans le temps de leurs purgations lunaires, et, pendant qu’elles nourrissent leurs enfans de leur lait. Cette nourriture ne dure pas moins de trois ans ; et les maris n’approchent point d’elles dans cet intervalle. La Hontan met cette raison au nombre de celles qui s’opposent à la multiplication.

Le soin des mères n’a pas de bornes pour leurs enfans tandis qu’ils sont au berceau ; mais quoiqu’elles ne perdent rien de leur tendresse après les avoir sevrés, elles les abandonnent à eux-mêmes, dans la persuasion qu’il faut donner un libre cours à la nature. L’acte qui termine la première enfance est l’imposition du nom. Cette cérémonie, qui passe pour importante, se fait dans un festin, où tous les convives sont du sexe de l’enfant qu’on doit nommer. Il est sur les genoux du père ou de la mère, qui ne cesse point de le recommander aux esprits, surtout à celui qui doit