Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/86

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le soleil s’y couche à deux heures trois quarts, et se lève à neuf heures. Dans les beaux jours de froid, où l’air est un peu plus tempéré, on est surpris de la quantité de perdrix et de lièvres qui s’y rassemblent. Jérémie, commandant français au fort Bourbon qui fut pris depuis par les Anglais, et se nomme aujourd’hui le fort d’York, eut la curiosité de compter combien les chasseurs en apportaient dans un hiver. Entre quatre-vingts hommes, il se trouva, au printemps, qu’on y avait mangé quatre-vingt-dix-mille perdrix et vingt-cinq mille lièvres. À la fin d’avril, les oies, les outardes et les canards y arrivent dans la même abondance, et ne sont pas plus difficiles à tuer. Ces oiseaux passent deux mois dans le pays. On donne aux sauvages une livre de poudre et quatre livre de plomb pour vingt oies ou vingt outardes qu’ils sont obligés d’apporter au fort. Les cariboux ou rennes passent deux fois l’année, et leur premier passage est dans le cours de mars et d’avril. Ces animaux, qui viennent du nord pour aller au sud, sont en si grand nombre qu’ils occupent plus de soixante lieues d’étendue le long des rivières, et Jérémie ne craint point d’assurer que les chemins qu’ils font dans la neige sont plus entrecoupés que les rues de Paris. Les sauvages font alors des barrières avec des arbres entassés les uns sur les autres, et laissent par intervalles des ouvertures où ils tendent des piéges. La quantité de cariboux qu’ils prennent est incroyable. Le