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de la poudre à tirer, à mêler une moitié d’eau dans l’eau-de-vie qu’ils leur fournissent ; en un mot, à pousser sans scrupule et sans remords la fourberie au dernier excès. D’ailleurs ils ne font pas difficulté de vendre au-dessus du prix fixé par la Compagnie. C’est par ces artifices, joints aux présens qu’ils extorquent des sauvages, qu’ils gagnent ce qu’ils nomment le surplus, et qui ne va pas à moins d'un tiers du commerce. Doit-il paraître surprenant que les sorties annuelles des marchandises de la Compagnie ne passent pas ordinairement 3 ou 4,000 livres sterling, et que, dans l’espace d’environ quarante ans, le total ne soit pas monté à plus de 60,000 ? Cependant un objet qui paraît de si peu d’importance pour le public devient considérable par le petit nombre de personnes intéressées, et surtout par les immenses profits qu’ils en tirent ; mais on sait qu’une branche de commerce peut-être tellement ménagée, qu’elle tourne au profit de quelques particuliers, tandis qu’elle est très-désavantageuse à toute une nation. »

Les regrets du voyageur augmentent en considérant les avantages des établissemens anglais par leur situation, par les nations nombreuses qui les environnent, par la prodigieuse quantité de pelleteries que ces Américains peuvent fournir, et par l’estime qu’ils font des marchandises anglaises. Il porte envie au commerce des Français avec les mêmes nations, qui est immense, dit-il, quoique leurs établissemens