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reçue ne lui permit pas de fuir bien loin ; et lorsqu’il se fut arrêté, on acheva aisément de le tuer. On lui trouva dans le ventre des morceaux entiers de phoques, avec la peau et le poil. D’autres ours qui parurent les jours suivans eurent le même sort. Il semblait que ces animaux sentissent, que leur proie était prête à s’échapper, et qu’ils redoublassent leurs efforts pour s’en saisir.

La chaloupe et la scute se trouvèrent radoubées le 7 juin. On avait coupé à la scute une partie de l’arrière ; et l’on y avait fait une petite arcasse, à laquelle on ajouta quelques bordages des deux côtés pour donner plus de fond au bâtiment, et pour le mettre en état de tenir mieux la mer. Le jour suivant, une violente tempête du sud-ouest, accompagnée de grêle, de neige, et surtout de pluie, obligea tout le monde de se retirer dans la hutte, où l’on ne trouva plus rien de sec, parce qu’on en avait ôté les planches pour le raboub ; mais cette incommodité n’affligea personne, lorsqu’on eut remarqué que les eaux commençaient à s’ouvrir. Cependant il fallait traîner au rivage les deux bâtimens, les agrès, les marchandises et le reste des provisions. La neige s’amollissait et rendait le chemin fort difficile. On fut obligé de quitter les souliers de peau pour reprendre ceux de cuir, en quelque état qu’ils fussent encore. Le 12, on prit des haches, des piques et des bêches, et l’on entreprit d’ouvrir une route jusqu’à la mer. Ce travail fut