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vaisseau de Barentz, et Guillaume Gysen, pilote de l’yacht. Les deux pilotes ayant tiré trois coups sans toucher l’animal, l’écrivain s’avança un peu plus, et lui en tira un dans la tête, proche de l’œil. Sa blessure même ne lui fit pas quitter prise ; et, tenant le corps par le cou, il eut encore la force de l’enlever tout entier. Cependant on vit alors qu’il commençait à chanceler ; et l’écrivain allant droit à lui avec un Écossais, ils lui donnèrent plusieurs coups de sabre, sans pouvoir lui faire abandonner sa proie. Enfin Gysen lui donna sur le muffle un grand coup de la crosse de son fusil, qui le fit tomber sur le côté ; et l’écrivain, sautant aussitôt dessus, lui coupa la gorge. Les deux matelots à demi dévorés, furent enterrés dans l’île, et la peau de l’ours fut apportée à la compagnie d’Amsterdam. »

On leva l’ancre le 9 ; mais les glaces qui venaient battre les flancs des vaisseaux, et qui bouchaient de toutes parts le passage, obligèrent le soir de revenir mouiller dans le même lieu. L’Amiral et l’yacht touchèrent sur des rochers, qu’ils ne laissèrent pas de franchir heureusement. Trois jours après, on fit route encore pour la mer de Tartarie, sans pouvoir forcer l’obstacle des glaces. Enfin l’on prit le parti de retourner au Weigats. Le 14, il parut que le temps devenait plus doux, le vent souffla du nord-ouest et les courans descendirent avec rapidité de la mer de Tartarie. Le même jour on traversa de l’autre côté du Weigats,