Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/133

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vais temps. Deux Groënlandais envoyés à la colonie de Frédrics-Haab pour y porter des lettres, furent au retour assaillis par les glaces qui ballottèrent leurs kaiaks deux jours entiers. Dans les fatigues qu’ils se donnèrent pour s’en débarrasser, la sueur qui perçait de leur corps se glaça sur leurs habits. Un de ces messagers eut une main gelée. Ils seraient morts de soif tous les deux, s’ils n’étaient arrivés la troisième nuit à leurs cabanes, où ils trouvèrent enfin de l’eau.

Au mois de septembre, la nouvelle maison de Litchtenfels essuya des secousses, comme d’un tremblement de terre, quoiqu’elle fût très-basse et qu’elle eût des murailles épaisses de quatre pieds. Les maisons d’alentour eurent leur toit fendu ; les bateaux à sec furent emportés par l’ouragan ; huit hommes se noyèrent en pleine mer. Cette tempête se fit sentir au loin ; car dans le même temps la Baltique et le Categat eurent plusieurs vaisseaux perdus. Cet ouragan fut précédé et suivi de tourbillons de feu qui parurent dans les airs. Un de ces météores tomba près d’une maison ; l’incendie y prit, mais fut éteint. Un semblable phénomène arriva la veille de Noël, à midi. Quelque extraordinaires que paraissent ces effets de la nature, Crantz parle encore d’une tempête arrivée deux ans auparavant. Elle éclata le 22 septembre 1757, avec un vent de sud accompagné de pluie et de neige. On vit des éclairs d’une force inouïe au Groënland, et rare en