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qu’il nous était fort difficile de nous défendre. Une flèche empoisonnée vint percer la jambe du capitaine. On avait combattu la plus grande partie de la journée ; la poudre manquait aux arquebusiers, et les flèches aux arbalétriers ; les Indiens nous serrèrent de plus près.

» S’étant aperçus que leurs coups ne nous faisaient aucun mal quand ils étaient portés à notre tête ou à notre corps, à cause de notre armure, mais que nos jambes étaient sans défense, ils ne dirigaient plus leurs flèches, leurs lances et leurs pierres que contre nos jambes, et en si grande quantité, que nous ne pûmes y résister. Les bombardes que nous avions sur nos chaloupes ne nous étaient d’aucune utilité, parce que les bas-fonds les empêchaient d’approcher de terre assez près pour nous secourir. Le capitaine, voyant notre situation critique, ordonna la retraite. Nous nous retirâmes donc sans cesser de combattre ; nous étions déjà à la distance d’un trait d’arbalète de nos canots, ayant de l’eau jusqu’aux genoux ; les insulaires nous poursuivaient toujours de près ; ils reprenaient leurs lances, et nous jetaient la même jusqu’à six fois. Comme ils connaissaient notre capitaine, c’était principalement vers lui qu’ils dirigeaient leurs coups ; deux fois ils firent tomber son casque ; cependant il ne céda pas, et nous combattions en petit nombre à ses côtés. Ce combat, si inégal, dura près d’une heure. Un insulaire réussit enfin à pousser le bout de sa lance dans le front du capitaine ; ce vaillant