Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

après les autres. L’amiral leur fit donner un manteau et un peigne ; il les régala, leur demanda par signes leur amitié ; ce qu’ils parurent bien recevoir ; de sorte qu’un Castillan se hasarda d’aller à terre avec eux. Les chefs le reçurent à la descente. Ils le menèrent dans leurs maisons, qu’il trouva logeables et couvertes de feuilles de palmier. Ce peuple est blanc ; il se peint le corps et les bras. Les femmes sont jolies, à grands cheveux noirs, et vêtues de nattes très-fines. Leurs armes sont des bâtons brûlés, leur nourriture du poisson et des cocos. L’amiral descendit à terre ; les chefs vinrent le recevoir. Un d’eux parut très-curieux de savoir ce que c’était qu’un fusil qu’il voyait. On le lui expliqua : il demanda qu’on le tirât, mais, quand le coup partit, la foule des insulaires tomba par terre à demi morte d’épouvante, puis s’enfuit, en tremblant, vers un bois de palmier. Les chefs seuls restèrent, quoique fort effrayés aussi. L’amiral tomba malade, ce qui força de faire quelque séjour dans cette île. Les habitans portèrent au vaisseau deux mille cocos, et aidèrent de bonne grâce l’équipage à remplir les barriques d’eau fraîche.

Quand le vaisseau eut repassé le tropique, il retrouva les vents d’est qui le repoussèrent hors de sa route. L’amiral mourut sur ces entrefaites, et recommanda au pilote de tâcher de s’élever à 30° nord[1], et alors, si le vent

  1. On voit que l’on savait dès lors qu’il faut s’élever au