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d’arriver aux Philippines, d’où ils envoyèrent leur conserve au Mexique pour rendre compte au vice-roi de leur heureux trajet ; ils allèrent ensuite à Tidor et à Gilolo. Les Portugais, qui voyaient avec peine que leurs voisins et leurs rivaux en Europe vinssent partager les profits qu’ils retiraient du commerce des épiceries, protestèrent contre le projet formé par les Espagnols de s’établir aux Moluques, disant que ces îles, et même celles qui se trouvaient à cinq cents lieues plus à l’est, appartenaient au roi de Portugal en vertu de la donation d’Alexandre vi. Il paraît que le commandant espagnol se laissa ou intimider ou gagner par les Portugais ; car il refusa d’accepter l’offre du roi de Tidor, qui voulait lui donner un navire tout neuf en remplacement du sien que l’on avait déclaré hors d’état de tenir la mer ; ce prince proposait en outre de se reconnaître vassal du roi d’Espagne. Cependant tout l’équipage, et entre autres Gaëtan, voulait retourner au Mexique. Le capitaine l’emporta et tînt à l’exécution d’un accord qui le mettait à la disposition des Portugais, et les Espagnols furent menés à Malaca.

Gaëtan soutient dans sa relation que, selon le règlement d’Alexandre vi, les Moluques et les Célèbes se trouvent dans le lot assigné à l’Espagne ; il prétend avoir observé que les Portugais dressaient des cartes de ces parages dans lesquelles ils mettaient des longitudes fautives, qui étaient à leur avantage. Il ajoute que, s’étant aperçus de ses connaissances dans ces ma-