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soixante-huit hommes, la plupart mariés ; deux cent huit étaient en état de porter les armes.

La flotte de Mendaña fit voile du Callao le 11 avril 1595. Elle compléta ses équipages à Chereppe, et ses provisions à Payta, quitta ce dernier port le 16 de juin, et fit route à l’ouest.

Le 21 de juillet, étant à mille lieues des côtes du Pérou, l’observation donna 10° 50′ sud. Le soir, on eut la vue d’une île à dix lieues de distance dans le nord-ouest ; on se crut déjà au terme des recherches ; on chanta le te Deum.

Le lendemain on s’approcha de la terre et d’un port voisin d’une montagne. On se vit à l’instant environné de soixante-dix pirogues, montées par à peu près quatre cents Indiens presque blancs, bien faits, de belle taille et absolument nus. Ils montraient du doigt leur île et leur port ; ils parlaient fort haut, et répétaient souvent Atalout et Analout. Arrivés aux navires, ils offraient des cocos, une espèce de noix, un certain mets particulier ressemblant à de la pâte enveloppée dans des feuilles, de bonnes bananes et de l’eau. On en atteignit un, et on le tira par la main dans le vaisseau. Les autres, excités par ses témoignages de reconnaissance des bons traitemens qu’on lui faisait, entrèrent au nombre de plus de quarante : on leur fit des présens ; mais ils finirent par devenir d’autant plus incommodes, qu’ils pillaient tout ce qu’ils trouvaient sous leur main. On leur fit signe de se retirer ; ils refusèrent. On tira une pièce d’artillerie, ils sau-