Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/369

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cet acte d’hostilité, ils abandonnèrent le village et se retirèrent dans les bois avec leurs femmes et leurs enfans. Poursuivis par les Espagnols qui tiraient sur eux, ils se réfugièrent sur les montagnes et s’y fortifièrent.

Les Indiens, retranchés sur trois hauteurs, semblaient se donner des signaux le matin et le soir, en poussant de grands cris dont le bruit retentissait dans les vallées. Ils lançaient continuellement des pierres et des traits, et paraissaient méditer une attaque ; mais Manrique prit toutes les précautions que la prudence exigeait pour n’être pas surpris. Il plaça des corps-de-garde avancés pour éclairer les mouvemens des Indiens, et protégea par un fort détachement les marins qui remplissaient les barriques, et les femmes de l’équipage qui se divertissaient sur le bord de la mer.

Les Indiens, convaincus de la faiblesse de leurs armes contre des ennemis si redoutables, demandèrent la paix. Plusieurs se présentèrent sans armes devant les Espagnols, et leur offrirent des bananes et d’autres fruits. Ils parurent demander avec instance qu’on leur permît de retourner dans leurs maisons, ce qui leur fut accordé. Dès ce moment, ils apportèrent au quartier des Espagnols toutes sortes de provisions, et cherchèrent à se concilier leur bienveillance.

L’un d’eux se lia d’une si étroite amitié avec l’aumônier, qu’ils se donnaient réciproquement le nom de camarade. Le prêtre enseignait