Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/384

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manque de rien de ce qui est nécessaire à la vie ; elle est bien cultivée et très-peuplée. Le climat y est semblable à celui des autres pays situés par cette latitude. On y entendit du tonnerre, on y vit des éclairs, on y essuya beaucoup de grains. L’île n’est pas très-haute ; il y a cependant des chaînes de montagnes, des vallées et des plaines.

Les Espagnols séjournèrent deux mois et huit jours à Santa-Cruz ; ils vivaient en assez bonne harmonie avec les insulaires, lorsqu’un événement affreux vint la détruire à jamais. L’insubordination régnait dans la troupe ; des soldats malintentionnés tuèrent en trahison Malopé, qui avait donné aux Espagnols tant de marques d’affection. Cette violation impardonnable des droits de l’hospitalité acheva de rompre les faibles liens qui retenaient encore quelques insulaires. Dès cet instant tout commerce cessa, toute communication fut interrompue, tout secours fut supprimé, et les Indiens se préparèrent à venger la mort de Malopé. En vain Mendaña crut les fléchir par la punition du coupable qui fut exécuté à mort ; il ne fut pas possible de les apaiser.

Dans le même temps, la mésintelligence qui s’était déjà manifestée dans les états-majors de la flotte fit explosion ; les officiers se divisèrent, les équipages passèrent bientôt de la mutinerie à la révolte, et Mendaña se vit forcé d’en punir les auteurs. Le mestre-de-camp Manrique, convaincu d’avoir excité les troublés, fut con-