Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/132

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Tout son vêtement consistait en une ceinture blanche (maro) de la plus belle étoffe, qui lui descendait jusqu’aux genoux : sa tête, ainsi que le reste de son corps, étaient découverts. À ses côtés marchaient plusieurs chefs et nobles, remarquables par leur haute stature ; effet naturel de la quantité prodigieuse d’alimens qu’ils consomment. L’un d’eux était tatoué d’une manière très-surprenante et très-nouvelle pour nous : de grandes taches noires et de formes variées couvraient ses bras, ses jambes et ses côtés. Cet insulaire, qui s’appelait É-ti, était d’ailleurs d’une corpulence énorme. Le roi montrait pour lui beaucoup de déférence, et le consultait dans presque toutes les occasions. Pendant que le prince fut assis sur le tabouret qui lui servait de trône, son maintien fut plus grave et plus raide qu’on ne devait l’attendre de son âge. Il semblait cependant étudié et factice, et on voyait qu’il le prenait pour rendre l’entrevue plus auguste. Cet air de grandeur plaira peut-être à quelques lecteurs ; malheureusement c’est une marque d’hypocrisie, et je ne comptais pas trouver ce vice à Taïti.

» Les spectateurs, au nombre de cinq cents au moins, faisaient tant de bruit, qu’il nous fut quelquefois impossible d’entendre un seul mot de la conversation ; alors quelques officiers du roi criaient d’une voix de Stentor, mamo ! (silence), et accompagnaient leurs commandemens de quelques coups de bâton.