Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/307

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très-grosse houle du sud-ouest se fit sentir. Le scorbut faisait de grands progrès ; Forster fils en eut une forte atteinte. Des taches livides, les gencives gâtées, l’enflure de ses jambes, jointes à des douleurs violentes, l’affaiblirent extrêmement dans l’espace de peu de jours ; son estomac était dérangé ; il ne put pas prendreassez de moût de bière pour dissiper le mal. Beaucoup d’autres personnes, qui se traînaient péniblement sur les ponts, étaient dans le même cas, et le chirurgien même eut une maladie bilieuse qui fit craindre pour ses jours.

» Cependant on rencontrait déjà un grand nombre d’oiseaux, tels que des frégates, des pailles-en-cul, des noddis, des fauchets, etc. On vit plusieurs morceaux d’éponge et d’une petite feuille sèche ressemblant à une feuille de laurier ; bientôt après, un serpent de mer pareil à celui qu’on avait découvert auparavant aux iles du tropique, et une grande multitude de poissons. On prit quatre bonites, qui furent très-agréables à l’équipage, et surtout au capitaine, qui sortait de maladie. La moindre pesait vingt-trois livres. On n’avait pas mangé de poisson frais depuis cent jours.

» Le 11 mars, à huit heures du matin, on vit du haut des mâts une terre dans l’ouest ; et à midi on l’observa de dessus le pont à la distance d’environ douze lieues.

» Il est difficile de décrire la joie que ressentit l’équipage. On avait passé trois mois et demi sans voir terre ; les tempêtes, les calmes, les