Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est surpris de voir que ces pierres sont jointes d’après les règles les plus précises de l’art, et s’emboîtent de manière à former un morceau d’architecture durable. Le grain n’en est cependant pas très-dur ; c’est une lave noirâtre, brune, poreuse et cassante. Le terrain s’élève tellement du bord de la mer vers le centre de l’île, qu’une seconde muraille parallèle à la première, dont elle n’était éloignée que de soixante pieds, n’avait pas plus de deux ou trois pieds de hauteur. Du terreau et des herbages remplissaient tout l’espace entre les deux murailles. Cent cinquante pieds plus loin, au sud, nous trouvâmes un autre espace élevé, dont la surface était pavée de pierres semblables à celles qui formaient les murailles ; une colonne d’une seule pierre, placée au milieu de cet emplacement, représentait une figure humaine à mi-corps, d’environ vingt pieds de haut, et de plus de cinq de large. La grossièreté du travail de cette figure annonce l’enfance des arts. Sur une tête grossièrement dessinée on aperçoit à peine les yeux, le nez et la bouche : les oreilles excessivement longues, suivant la coutume du pays, sont moins mal représentées que le reste. Le cou est gros et court, et on ne distingue presque pas les épaules et les bras. Sur le sommet de la tête s’élève un énorme cylindre de pierre, de plus de cinq pieds de diamètre et de hauteur, placé tout droit. Ce chapiteau, qui approche de celui que des figures de divinités égyptiennes portent sur leur tête, est d’une