Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/97

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rait qu’une île aussi petite qu’Einéo, ne pouvant braver les forces réunies de ces deux royaumes, dût essayer de terminer la querelle par une négociation ; mais on ne nous a rien dit de pareil. Au contraire, on ne parlait que de combattre. Taouha me protesta plus d’une fois qu’il y mourrait, ce qui prouve l’idée qu’il se formait de cette guerre. Oedidi m’assura que la bataille se donnerait en mer ; dans ce cas, l’ennemi avait donc une flotte à peu près égale à celle qui allait l’attaquer ; ce qui ne me paraît pas probable. Il paraissait d’autant plus probable que les insulaires d’Eiméo resteraient à terre sur la défensive, qu’ils avaient suivi ce plan cinq ou six ans auparavant quand ils furent assaillis par les habitans de Tierrebou, qu’ils repoussèrent. Cinq officiers généraux dirigeaient cette expédition, et O-tou était du nombre ; s’ils nous les ont nommés suivant le rang qu’ils occupaient, O-tou ne remplissait que la troisième place dans le commandement, ce qui est assez vraisemblable, puisque, étant jeune ; il ne pouvait pas avoir assez d’expérience pour commander en chef dans une campagne qui exigeait beaucoup d’habileté et d’expérience.

» J’avoue que je serais volontiers resté cinq jours de plus, à Taïti, si j’avais été sûr que l’expédition aurait lieu ; mais nous jugeâmes qu’ils désiraient nous voir partis, et qu’ils ne voulaient pas commencer leur campagne tant que nous serions parmi eux. On nous avait dit,