Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’autre, d’y ajouter de petites pièces posées longitudinalement, et on ne peut y faire des déchirures que dans une seule direction.

» Je rencontrai Finaou à mon retour, et je l’emmenai dîner à bord, ainsi qu’un second chef qui était jeune. Lorsque le dîner fut servi, ils ne voulurent point manger ; ils me dirent qu’ils étaient tabou évi. S’étant informés ensuite de quelle manière on avait apprêté nos alimens, ils s’assirent à table, et ils mangèrent de bon cœur du cochon et des ignames qu’on avait fait cuire sans évi, c’est-à-dire sans eau. Je les assurai qu’il n’y avait pas non plus d’eau dans le vin, et ils en burent volontiers. Nous conjecturâmes que des principes de superstition leur interdisaient alors l’usage de l’eau : il est vraisemblable toutefois que l’eau dont nous nous servions leur inspirait du dégoût, parce qu’on la puisait à l’un des endroits où ils se baignaient.

» Mariouaghi avait fait préparer pour le 17 une grande fête (hêva) à laquelle nous fûmes tous invités : on disposait devant la maison qu’occupait alors ce chef, et près de notre poste, un terrain qui devait servir de théâtre. Le matin les insulaires arrivèrent en foule de l’intérieur du pays ; chacun portait sur son épaule une perche de six pieds de longueur, avec un igname suspendu à chacune des extrémités. Ces ignames et ces perches furent déposés dans le cirque ; ils en formèrent deux pyramides ornées de différentes sortes de petits poissons,