Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/263

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générations futures que nos voyages contribuèrent au bonheur de l’humanité.

» Nos guides nous dirent que tous les terrains, ou du moins la plus grande partie des terrains de cette île, appartiennent aux chefs de Tongatabou, dont les habitans d’Eouah sont les vassaux ou les fermiers. Il paraît qu’il en est de même des îles voisines, si j’en excepte Anamocka, où quelques chefs semblent agir avec une sorte d’indépendance. O-maï, qui aimait beaucoup Finaou et les habitans de ces îles en général, eut envie de s’établir ici : on lui proposait de le faire un des chefs de la contrée ; je pense qu’il aurait été bien aise de s’y fixer, si cet arrangement eût obtenu mon aveu. J’avoue que je le désapprouvai, parce que je crus que mon brave camarade serait plus heureux dans sa patrie.

» Quand je fus de retour aux vaisseaux, on m’informa que les insulaires avaient donné des coups de massues à un de leurs compatriotes au milieu du cercle où nous faisions des échanges ; qu’ils lui avaient ouvert le crâne et cassé une cuisse, et qu’ils l’auraient laissé mort sur la place, si nos gens ne les avaient pas arrêtés ; que le blessé avait paru près de rendre le dernier soupir ; mais qu’on l’avait emporté dans une maison voisine, où il avait repris des forces. Je demandai la raison d’un traitement si barbare, et on me dit qu’on l’avait surpris caressant une femme qui était tabou : nous comprîmes toutefois qu’elle était tabou, parce