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phages. Ils font gloire de porter les dents en pointes, et de les avoir aussi aiguës que des aiguilles ou des alènes. Barbo ne conseille à personne de toucher à cette dangereuse terre. Cependant les Nègres apportent à bord de fort belles dents d’éléphans ; mais il semble que leur vue soit de les faire servir d’amorce pour attirer les étrangers sur leur côte, et peut-être pour les dévorer ; car ils mettent leurs marchandises à si haut prix, qu’il y a peu de commerce à faire avec eux. D’ailleurs ils demandent avec importunité tout ce qui se présente à leurs yeux, et paraissent fort irrités du moindre refus. Leur inquiétude et leur défiance vont si loin, qu’au moindre bruit extraordinaire ils se précipitent dans la mer et retournent à leurs pirogues. Ils les tiennent exprès à quelque distance pour faciliter continuellement leur fuite.

Les éléphans doivent être d’une étrange grosseur, puisqu’on y achète des dents qui pèsent jusqu’à deux cents livres. On s’y procure aussi des esclaves et de l’or, mais sans pouvoir pénétrer aux pays d’où l’or vient aux habitans. Ils gardent là-dessus un profond secret, ou s’ils sont pressés de s’expliquer, ils montrent du doigt les hautes montagnes qu’ils ont à quinze ou vingt lieues au nord-est, en faisant entendre que leur or vient de là. Peut-être le trouvent-ils beaucoup plus près dans le sable de leur rivière même, ou peut-être, aussi leur vient-il des Nègres de ces monta-