Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/113

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toutes les denrées du pays et sur la pêche ; ils forçaient les seigneurs et jusqu’aux rois mêmes de leur livrer leurs enfans pour s’en servir en qualité de domestiques ou d’esclaves ; ils n’ouvraient pas leurs magasins, si l’on ne s’y présentait avec quarante ou cinquante marcs d’or, et ceux mêmes qui venaient avec cette somme étaient forcés de recevoir les marchandises dont on jugeait à propos de se défaire, au prix que les facteurs avaient réglé. S’il se trouvait quelque mélange dans l’or des Nègres, le coupable était puni de mort, sans distinction de fortune ni de rang. Le roi de Comani ne put sauver du supplice un de ses plus proches parens. Toutes les marchandises que les Nègres achetaient des autres nations étaient confisquées.

Les Hollandais furent presque les seuls qui s’obstinèrent à continuer leurs voyages en Guinée. La grandeur du profit leur fit oublier les outrages, et remettre leur vengeance à des temps qu’ils ne pouvaient encore prévoir. Elle fut suspendue jusqu’à la guerre entre la Hollande et l’Espagne ; mais, rappelant alors toutes les injures qu’ils avaient reçues des Portugais, et couvrant leur haine du prétexte de leur réunion avec les Espagnols, ils leur enlevèrent, avec une partie du Brésil, tous les établissemens qu’ils avaient sur la côte d’Or, et les forcèrent enfin de leur céder leurs deux principales forteresses, le château de la Mina en 1637, et celui d’Axim en 1643 ; mais ils