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jeté à ses pieds, et percé de coups en mille endroits, tandis qu’avec une coupe à la main il recevait le sang qui ruisselait de toutes parts. Après en avoir bu une partie, il offrit le reste à son dieu. C’est ainsi qu’il traitait ses ennemis ; mais, faute de victimes, il tournait sa rage contre ses propres sujets.

En 1692, pendant la seconde campagne qu’il faisait contre les Nègres d’Anta, Bosman lui rendit une visite dans son camp, près de Schama. Il en fut reçu fort civilement, et traité suivant les usages du pays ; mais, au milieu même des amusemens que ce barbare procurait à son hôte, il trouva l’occasion d’exercer sa cruauté. Un Nègre, remarquant qu’une des femmes d’Ankoa était ornée de quelque nouvelle parure, prit le bout d’un collier de corail, dont il admira l’ouvrage, sans que cette femme parût s’offenser de sa curiosité. L’usage du pays accorde une liberté honnête, dont le Nègre ni la femme n’avaient pas passé les bornes. Cependant le cruel Ankoa se trouva si blessé de cette action, qu’après le départ de Bosman, il leur fit donner la mort ; et, suivant son goût monstrueux, il but à longs traits tout leur sang. Quelque temps auparavant il avait fait couper la main, pour un crime fort léger, à une autre de ses femmes ; et, se faisant un amusement de sa cruauté, il voulait que, dans cet état, elle lui peignât la tête et lui tressât ses cheveux.

À l’égard des mœurs et des usages qui, sur